“Un face-face avec un renard est à chaque fois un cadeau de la nature” estime Bastien Campistron, photographe animalier à Barsac (Gironde). À force de croiser ce mammifère, il s’y est intéressé, attaché, et il souhaite désormais à travers ses photos, mieux le faire connaître au grand public et défendre ce mal-aimé chassé. Il nous fait découvrir le mode de vie de cet animal sauvage, à travers quelques photos.
Premières rencontres et émotions avec le renard
“En cinq ans d’observations et de photos animalières, l’un des premiers terriers de renards que je découvre, c’est derrière chez moi, pendant le confinement”, raconte Bastien Campistron. “C’est tellement une longue quête pour les observer sans les déranger que la première fois que j’ai vu des renardeaux sortir d’un terrier, j’en ai pleuré !”
“Après un affût de 7 heures, allongé dans un rang de vignes, avec tout ce qui peut se passer — la vessie capricieuse, la peur de ne pas être assez discret car si la femelle me voit elle va déplacer ses petits pour mettre hors de danger sa portée… Bref, le souvenir de ce premier affût : horrible !”
Il précise : “Les premières sorties des jeunes sont tellement aléatoires. Le lendemain, j’y retourne et au bout de 30/45 minutes d’attente, ils sortent. Je les vois découvrir le monde qui les entoure, c’était tout simplement magique !”
“Le jour où j’ai sauvé une famille renard”
Un autre souvenir marquant pour le photographe sud-girondin : “J’observais depuis plusieurs jours un terrier situé une parcelle agricole et malheureusement, un matin, j’arrive et je découvre que l’agriculteur avait labouré son terrain et que, sans s’en rendre compte, il avait recouvert l’entrée du terrier. Ça a été vraiment un choc pour moi ! Il peut arriver que certains terriers aient d’autres sorties, mais pour celui-ci je savais que non, car j’avais placé mes pièges photos à proximité. Je n’ai donc pas hésité une seconde : j’ai posé toutes mes affaires et avec mes mains, j’ai débouché le terrier, en espérant qu’ils ne soient pas morts…”
“J’ai dû attendre un peu plus tard, poursuit-il, pour savoir si mon action avait été salvatrice et à mon grand soulagement, grâce au piège photo, j’ai pu voir qu’ils sont sortis du terrier un petit peu plus tard. Ils étaient tous là, avec leur mère, qui les a amenés ailleurs, dans un endroit plus en sécurité. Ils étaient sauvés !”
Le photographe confie : “Je suis ensuite allé à la rencontre de l’agriculteur propriétaire du terrain et lui ai expliqué ce qui s’était passé. Il en était désolé et depuis, nous avons tissé une belle relation. Je l’informe si je vois la formation d’un terrier et ils me demandent des nouvelles des renards et parfois je lui montre des photos que j’ai prises. Je suis heureux de cet échange”.
“Tristesse quand je vois un renard écrasé sur la route”
“Une autre histoire qui m’a beaucoup touchée, raconte Bastien Campistron, et qui m’a inspiré une image que j’aime bien exposer : il y a souvent près d’un restaurant fast-food en Sud-Gironde, beaucoup de sacs et déchets qui attirent les renards. Or, ces animaux sauvages n’ont pas la notion du danger par rapport à la route et aux voitures. Un renard avait ainsi pris l’habitude de venir à cet endroit pour y manger les ordures. Je le voyais très régulièrement et il était reconnaissable par une tache à la patte.”
“Une fois, ajoute-t-il, ce renard est sorti du bois, à deux mètres de moi ; il savait que j’étais là je pense, malgré mon camouflage. Il a fait un temps d’arrêt face à moi et m’a regardé un instant. J’ai eu l’impression que son regard traversait l’appareil photo, pour me dire quelque chose ! Cette image-là, ce regard, je ne l’oublierai jamais !”
“Et malheureusement, un jour, ce renard s’est fait écraser par une voiture. Ça m’a rendu tellement triste que depuis, par le biais de mes photos, j’essaie de faire passer le message pour que l’on pense à lever le pied.”
Bataille de terriers
La cohabitation entre blaireaux et renards donne parfois lieu à des conflits de terriers : “J’ai déjà vu des blaireaux, plus robustes et téméraires, sortir des renards de leur tanière.
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Le blaireau, animal fouisseur, réalise des galeries souterraines dans lequel le renard se glisse volontiers !” raconte Bastien Campistron.
Voleur de poules et de gibier, mais…
Le renard attaque parfois les poules, mais “si l’on protège bien le poulailler, on peut limiter les pertes”, souligne-t-il. “On reproche sa prédation sur le gibier, mais c’est rare et sur les faisans, oiseau d’élevage inadapté aux lois de la nature”.
Par contre, friand de rongeurs, “il devient un précieux allié des agriculteurs”. Il se nourrit aussi de fruits, d’insectes et de charognes ; et par ses excréments, il “favorise la biodiversité en semant des graines”.
Trop nombreux ?
“Il s’agit d’une idée reçue, fait remarquer Bastien : des chercheurs ont démontré que le renard s’autorégule, c’est-à-dire qu’il est capable d’adapter ses portées à la quantité de proies disponibles sur son territoire”.
A propos des maladies
Le renard a longtemps été chassé car il était vecteur de la rage “mais la vaccination a stoppé sa propagation”, explique Bastien Campistron.
On lui associe aussi une autre maladie, “l’échinococcose, mais qui peut être transmise également par des chiens”. En revanche, il limite la propagation de la maladie de Lyme (tiques), grâce à sa prédation sur les rongeurs.
Facebook : @La Nature fait son show/Instagram : @Bastien Campistron
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