A la découverte de l’île de Raymond, terre insulaire de Garonne

L’île de Raymond, à Paillet / Rions (Gironde), est un vrai paradis pour la biodiversité. Classé espace naturel sensible, il est ouvert et aménagé pour le grand public. 

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Le belvédère à l’entrée de l’île de Raymond, à Paillet/Rions (Gironde). ©Valentin Phoreau — Cdc convergence Garonne
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L’île de Raymond : ce bout de terre de 44 hectares, coincé entre la Garonne et un bras de ce fleuve, le long des communes de Paillet et de Rions (Gironde), est un vrai paradis pour la biodiversité. Classé espace naturel sensible, il est ouvert et aménagé pour le grand public. 

Comment s’est formée l’île 

Durant la période de l’Eocène, entre 56 et 34 millions d’années, de nombreuses matières charriées par le fleuve s’accumulent.

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Le site fait l’objet de suivis naturalistes sur la faune et la flore. ©Valentin Phoreau — Cdc convergence Garonne

Aussi, jusqu’au début du 19e siècle, plusieurs îles se forment entre Lestiac, Paillet et Rions, où la navigation est difficile. C’est pourquoi un cours principal est creusé, aboutissant à l’île de Raymond au nord et l’île du Grand Bern au sud.

Espace naturel sensible

Avant d’être classée Espace naturel sensible, l’île a vu se succéder diverses pratiques culturales (praires, arbres fruitiers, vigne, maïs) et a aussi accueilli un élevage de bovins.

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Des sentiers de randonnée permettent d’arpenter l’île. ©Valentin Phoreau — Cdc convergence Garonne

Le site de l’île de Raymond comporte aujourd’hui une mosaïque de milieux humides qui favorisent une biodiversité riche et remarquable. Avec Bastien Campistron, gestionnaire de cet espace depuis 2012, découvrons quelques particularités de cette faune et flore.

Sur les traces de la loutre

La loutre, espèce protégée depuis 1972, car elle avait presque disparu — revient progressivement. Elle a été remarquée sur l’île dès 2014, grâce à ses épreintes — c’est le nom particulier donné aux crottes de loutre — qui sont assez caractéristiques par l’odeur (poisson/écrevisse, presque sucrée).

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Puis, captées par un piège photo en 2019, deux loutres ensemble. “De là à savoir si elles se reproduisent sur le site, c’est difficile à dire, car son territoire est énorme, entre 60 et 90 mètres linéaires” indique Bastien Campistron.

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Autre trace découverte récemment, tout début mai, cette année : l’empreinte d’une patte, près de la mare. “La loutre est utile, car elle se régale par exemple d’écrevisses de Louisiane, espèce invasive qui fait d’énormes dégâts sur les pontes de batraciens” note le gestionnaire. 

Silence, ça couve : nidification du martin-pêcheur 

Le martin-pêcheur est visible sur l’île toute l’année. Il creuse son nid dans les berges de la Garonne ou de la rivière. Il forme un long tunnel au bout duquel il construit une cavité plus grande pour couver ses œufs (d’avril à juillet).

martin-pêcheur
Le martin-pêcheur. ©Le Républicain Sud-Gironde — GILO Nature — AAgnès

“Il est capable de faire deux couvées par an et une femelle peut pondre cinq à sept œufs. Au bout de quatre semaines, les petits quittent le nid, aptes à se nourrir seuls, et les parents peuvent entreprendre une seconde nidification”.

Ecoutez la tourterelle des bois

Visible au printemps, cette migratrice est arrivée sur l’île en mai. Il y a des nids sur le site, “ce qui est positif car cette espèce tend à disparaître”, souligne Bastien.

La tourterelle des bois.
La tourterelle des bois. ©Domaine public – Cornelis Nozeman

“On recense au moins deux à trois couples chaque année, on la reconnaît à son roucoulement caractéristique”.

Rare, l’angélique des estuaires

L’angélique des estuaires peut atteindre jusqu’à deux mètres de haut. “

angélique des estuaires
L’angélique des estuaires est présente sur l’île de Raymond. ©CC Jibi44

Elle a des exigences, notamment celle d’avoir les pieds (racines) dans l’eau, c’est pourquoi elle pousse pas mal le long de la petite rivière de l’île. Elle est assez rare et elle fleurit l’été en ombelles pour attirer les pollinisateurs. 

La discrète, c’est genette

La genette commune, appelée aussi genette d’Europe, est un mammifère carnivore nocturne et très discret, dont la taille est proche de celle d’un chat. ”

genette commune
La genette commune. ©CC Frédéric Salein

On sait qu’elle vit ici grâce aux pièges photos. Elle vit dans la partie forestière : elle passe ses journées dans des endroits abrités, comme des trous d’arbres et la nuit, elle chasse. Elle se nourrit de fruits, d’oisillons, etc “explique Bastien.

Curieux, le Lepidurus apus

Lepidurus apus mesure 4,2 à 6 cm de long. “Il y en a pas mal sur l’île. Il est omnivore et vit dans des petites flaques ponctuelles de sous-bois ou de prairies.”

Le Lepidurus apus.
Le Lepidurus apus. ©CC Laurenç MARSOL

“Il est capable de rester dans la terre durant des années sans éclore et dès que les conditions sont favorables, il ressort. C’est presque un “fossile vivant”, pratiquement inchangé depuis plus de 300 millions d’années !” indique Bastien.

De magnifiques peupliers noirs se dressent le long du
De magnifiques peupliers noirs se dressent le long du « labyrinthe des ronces ». ©Delphine Decourcelle

De majestueux arbres

De majestueux arbres se trouvent au niveau de la ripisylve (forêt riveraine de la rivière), lorsque vous suivez le “labyrinthe des ronces”. “Il semblerait s’agir de peupliers noirs, ces arbres emblématiques des zones humides”, précise le gestionnaire du site.
“Des experts vont venir étudier la génétique de ces beaux spécimens, car, s’il s’agit bien de cette espèce, c’est très intéressant, car ils sont autochtones. Et ce serait exceptionnel si c’étaient des peupliers noirs à 100 %, car cet arbre tend à disparaître par l’hybridation avec d’autres peupliers, notamment le peuplier de plantation.” S’ils s’avèrent en être, alors beaucoup de perspectives pourraient s’ouvrir pour le site : création d’une pépinière et de partenariats pour relancer cette espèce.
En tous cas, peupliers noirs ou pas, ces arbres valent le coup d’œil et n’en sont pas moins remarquables !
Très hauts et larges de circonférence, mais, néanmoins fragiles : lors de notre visite, l’un d’entre eux était couché au sol. “Ces arbres ont les racines dans l’eau. Il suffit d’un vent violent pour les faire basculer. Il va falloir un sacré chantier pour réussir à le sortir de là…” Avec désolation, Bastien Campistron, le gestionnaire du site, s’apprête à se relever les manches… pour évacuer le mastodonte !

Stationnement

Il y a un parking au lieu-dit La Poule à Rions, via la RD10 (gps 44°40.605 N 0°21.642W). Depuis celui-ci, suivre ensuite le chemin de halage et franchir le pont qui vous permet de rejoindre l’île.

Visite et accès

Attention aux marées : l’île de Raymond est en accès libre toute l’année en journée, via un pont pour piétons mais le passage est fortement soumis aux saisons et aux coefficients des marées. Il est donc conseillé de consulter sur internet http://maree.info/161/calendrier.

Visite spéciale : visites particulières ou de groupe possibles : se renseigner à l’office de tourisme du pays de Cadillac et de Podensac (05.56.62.12.92).

Règlement

Chiens. Pour la quiétude des animaux, les chiens, même tenus en laisse, ne sont pas autorisés sur le site.

Cueillette. Il est interdit de cueillir les plantes et fleurs sur le site.

Boucles de randonnées

Deux boucles. La première démarre à droite, au niveau du belvédère (1 800 m — 45 min) et la deuxième si vous partez à gauche depuis le pont en contournant l’ancienne ferme (1 800 m– 45 min). Au cours de la deuxième boucle, vous avez trois variantes originales fléchées (5 minutes de “labyrinthe des ronces” sur 300 m ; 10 minutes de “chemin de la petite rivière” sur 500 m ou 15 minutes de “chemin du chenal” sur 700 m).

Animations

Calendrier. Des animations sont organisées de mai à novembre. Programme complet sur le site https://espacesnaturels.convergence-garonne.fr/5/animations.html

L’île appartient à la Cdc Convergence Garonne et elle est gérée par celle-ci. Site internet : https://convergence-garonne.fr/ ; Tel : 05.56.62.72.98 ; Mail : [email protected]

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