« Mon premier cerf, c’était à Sillé en 1991. Je voulais voir la forêt à d’autres périodes que pour les champignons… J’ai juste vu ses bois au-dessus d’une butte, c’était magnifique, ce jour-là je suis tombé dedans ! »
« Dedans », pour le photographe Sylvain Furet -deux fois bien nommé- c’est « dans la forêt et sa biodiversité ».
Né au Mans (Sarthe) aujourd’hui jardinier pour le conseil départemental du Maine-et-Loire, il n’a jamais vraiment quitté les massifs sarthois. la Forêt de Bercé est son bercail. « Même quand je vivais près de Vannes jusqu’en 2013, j’y revenais régulièrement » se souvient-il.
Sylvain Furet, photographe amoureux de Bercé
Suite à cette première rencontre avec le roi des forêts, il retourne dans les bois, « juste pour voir des animaux ». Puis, il s’achète des jumelles et, enfin l’appareil photo, un Minolta avec trépied pour de premières photos argentiques en 1994.
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Bientôt trente ans, donc, que Sylvain gare son petit fourgon aménagé au bord des chemins de Bercé, à Chahaignes, Jupilles, Thoiré–sur-Dinan, Marigné–Laillé pour y marcher au crépuscule.
Je pars deux heures avant le coucher du soleil et je rentre à la nuit noire. Cela m’est même arrivé de dormir au pied d’une haie, le long d’un pré, réveillé par les sangliers qui fouinaient…
Laisser les animaux tranquilles
Mais, aussi bizarre que ça puisse paraître, ce photographe de talent ne fait pas de la prise de vues son impératif.
« Quand j’entre en forêt, je ne suis pas chez moi, je suis chez eux, chez les animaux. Il m’arrive de voir des traces, de sentir leur présence et de choisir de les laisser tranquilles. C’est déjà très enrichissant de savoir qu’ils sont dans leur milieu, tout près de moi. Rien que de reconnaître l’odeur du cervidé ou du renard me satisfait ! »
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« Parfois, je ne pense même pas à faire des photos ! »
Ce qui n’empêche pas les belles rencontres. Comme ce grand cerf passé tranquillement devant lui dans une allée ou ces trois jeunes en velours (bois nouveaux) observés dans les blés limitrophes en avril dernier.
Souvent, ce sont de petits animaux : un écureuil, un orvet, une couleuvre, un papillon ou un insecte… Je ne suis jamais déçu. Parfois, je suis tellement subjugué que je ne pense même pas à faire des photos !
Dans ses marches crépusculaires qui peuvent atteindre 10 km ou « ne pas dépasser 300 mètres », celui que ses amis appellent « l’homme des bois » pratique la discrétion au plus haut point.
« J’ai appris à marcher deux fois dans ma vie, la deuxième c’était en forêt sans faire craquer la moindre brindille. Maintenant, je suis capable de sentir la présence d’animaux rien que par l’ambiance qui règne autour de moi, une certaine quiétude, un grand calme… C’est difficile à expliquer. »
Comptage d’oiseaux
À force d’affûts patients, d’heures passées les fesses sur un talus, Sylvain est aussi devenu un grand spécialiste de la faune avicole. Son petit carnet de relevés est noirci de noms d’oiseaux et de petites barres de comptage. Coucou, tourterelle et ramier, bien sûr, mais aussi loriot, merle, fauvette, verdier, sitelle, rouge-queue, grimpereau et tant d’autres.
Mais mes plus belles émotions à Bercé, c’est d’entendre les différents pouillots : le véloce, le siffleur, le fitis et le bonelli -le plus rare. J’aime tous les pics, aussi, sachant que la présence du pic-noir est le signe d’une forêt en bonne santé.
Des comptages qu’il fournit parfois au Groupe sarthois ornithologique en tant qu’adhérent de la LPO, « mais pas toujours parce qu’une fois qu’on a situé l’observation -ce qui est obligatoire- il y a toujours trop d’ornitho qui viennent à leur tour et dérangent la faune. »
Une forêt qu’il regrette de voir évoluer vers le seul profit économique et le développement touristique. « On plante de plus en plus pour faire du bois de rapport, des chênes coupés jeunes pour gagner quelques milliers d’euros, et certaines parcelles sont devenues des parcs d’attractions… Les animaux ne sont plus chez eux : on les dérange trop ! »
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