Manche. Un petit rapace originaire d'Afrique s'implante sur le territoire

L'élanion blanc, petit rapace aux yeux rouges originaire d'Afrique, niche désormais dans la Manche. Un couple et ses jeunes ont été observés dans la baie du Mont Saint-Michel.

Très bon chasseur, adaptable à tous les milieux, l’élanion blanc devrait nicher dans le Cotentin (Manche) d’ici quelques années.
Très bon chasseur, adaptable à tous les milieux, l’élanion blanc devrait nicher dans le Cotentin (Manche) d’ici quelques années. (©Sébastien PROVOST – Birding Mont-Saint-Michel)
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« L’élanion blanc niche désormais dans la Manche, en baie du Mont Saint-Michel », entame James Jean-Baptiste, ornithologue du Groupe Ornithologique Normand (GONm). Ce petit rapace blanc aux singuliers yeux rouges, encore mythique pour les ornithologues français il y a à peine 20 ans, se développe rapidement dans l’Hexagone.

Après des soupçons en 2022, la reproduction est enfin avérée en Normandie et dans la Manche, avec un couple et ses jeunes, observés à Genêts, dans la baie du Mont Saint-Michel. Sébastien Provost, guide ornithologue de Birding Mont-Saint-Michel, est à l’origine de la découverte. Deux couples ont aussi été observés dans le Perche.

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Après des soupçons en 2022, sa reproduction est maintenant avérée

« L’espèce a tendance à se disperser pour trouver de nouveaux territoires, et il y a eu énormément de jeunes en 2022 en Mayenne. Cela pourrait expliquer l’arrivée de plusieurs couples nicheurs cette année en Normandie », éclaire James Jean-Baptiste.

L’élanion a niché en France pour la première fois en 1990, et sa population est désormais estimée entre 500 et 1 000 couples sur le territoire. En Normandie, en dehors d’un couple qui a fréquenté quelque temps les marais de la Dives en 1994, les observations étaient rarissimes jusqu’à il y a une dizaine d’années. Depuis, l’espèce est vue tous les ans chez nous. Vu la dynamique de l’espèce en France ces dernières années, la nidification était attendue, restait à savoir où et quand.

Comment expliquer un développement aussi rapide ? « L’arrêt de la persécution des rapaces depuis quelques décennies, le réchauffement global des températures, et le fait que pas mal de grosses espèces d’insectes dont il se nourrit remontent vers le nord. En plus, il peut se reproduire toute l’année, tant qu’il y a de la nourriture disponible. Il a donc une grande capacité de colonisation de nouveaux territoires », continue le spécialiste des oiseaux.

Déjà observé dans le Cotentin, à Réthoville (commune déléguée de Vicq-sur-Mer, Manche) par exemple, l’élanion devrait s’y installer tôt ou tard. Des couples ont aussi déjà fréquenté les marais de Carentan. Sa remontée vers le nord de l’Europe ne semble pas s’arrêter, deux oiseaux ayant par exemple été observés en Grande-Bretagne pour la première fois.

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Et dans le Cotentin ?

« Même la Manche ne le bloque pas, alors que sa traversée représente un effort considérable pour une telle espèce. Et des espèces-proies, en gros des insectes comme la mante religieuse, colonisent le Cotentin. Elles seront suivies par de nouveaux prédateurs comme l’élanion », estime James. Tous les milieux du Cotentin peuvent lui convenir, il n’y a donc pas de raison pour qu’il ne s’y installe pas. Grand consommateur de campagnols et autres petits mammifères, il pourrait même s’affirmer comme un allié des agriculteurs.

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Comme l’élanion blanc, plusieurs espèces montent vers le nord depuis quelques décennies. Entre 1985 et 2018 par exemple, vingt-quatre espèces d’oiseaux qui n’avaient jamais niché en Normandie s’y sont reproduites. Après le sud de la Manche et de la Normandie en 2023, le Cotentin devrait être colonisé à son tour d’ici quelques années.

Émile SÉNÉCAL

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