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À Nantes, le Hellfest devant les prud'hommes pour harcèlement

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Une ancienne stagiaire du Hellfest poursuit l'association qui organise le festival de métal devant les prud'hommes à Nantes ce mardi. Elle dénonce des faits de harcèlement moral et sexuel.

Un concert au festival du Hellfest à Clisson (photo d'illustration) Un concert au festival du Hellfest à Clisson (photo d'illustration)
Un concert au festival du Hellfest à Clisson (photo d'illustration) © Maxppp - Marc Roger

Une ancienne stagiaire du Hellfest attaque aux prud'hommes l'association à la tête du festival de métal, Hellfest Productions. La jeune femme de 31 ans dénonce des faits de harcèlement moral et sexuel. Une audience prévue à Nantes (Loire-Atlantique) ce mardi 28 mars.

C'était en 2017, pendant son stage de fin d'études au sein du festival de Clisson. Elle raconte qu'elle subit rapidement et fréquemment des insultes et des humiliations en public, entre autres, de la part de son tuteur de stage"C'est venu dès le début, mais il arrivait toujours à souffler le chaud et le froid et à me faire croire que c'était de la bienveillance. Donc, je lui trouvais des excuses", décrit-elle.

"Il m'appelait sa 'sexy assistante'"

À l'époque âgée de 25 ans, la stagiaire du Hellfest sent très vite une pression de la part de son supérieur hiérarchique qui l'incite notamment à porter des tenues sexy ou se maquiller. "Il m'appelait sa 'sexy assistante', se souvient-elle. Il m'a clairement dit qu'il fallait que je fasse 'bander' les gens. Et en parallèle, quand je répondais à toutes ses injonctions, je me prenais des réflexions sur le fait que je ne serais jamais prise au sérieux parce que j'aguiche trop les hommes etc."

Et le problème ne vient pas que d'un seul salarié du festival, pointe son avocate, Me Marie-Océane Gelly. "On est vraiment sur une forme de harcèlement d'ambiance", estime-t-elle, institutionnalisé dans le cadre de relations de travail"et le code du travail s'applique".

Les semaines et les mois passent, jusqu'au "point d'orgue", à la fin du Hellfest. "J'ai vraiment eu peur, j'ai cru qu'il [son tuteur de stage] allait me frapper tellement il était menaçant", confie-t-elle. La jeune femme décide de partir le lendemain, un mois avant la fin de son stage. Elle rencontre alors l'un des membres de la direction. "J'ai eu l'illusion d'un soutien." Mais derrière, Camille regrette qu'on la laisse partir, alors que son supérieur hiérarchique n'est pas inquiété.

"Ce n'est pas Sexe drogue et rock n'roll!"

"Ce qu'il est intéressant de voir, c'est que ma cliente a été une des dernières stagiaires féminines et qu'après, seulement des hommes ont été embauchés parce qu'il y a eu trop de dérives", dénonce l'avocate. Et l'ancienne stagiaire de renchérir : "Le problème est identifié, mais la solution est d'empêcher les femmes de pouvoir potentiellement accéder à un stage parce qu'il y a un mec dangereux. Plutôt que de traiter le problème du mec dangereux, on esquive les femmes".

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Depuis la fin de son stage, la trentenaire avoue avoir connu de grosses souffrances psychologiques, vécu un stress post-traumatique. Elle met plusieurs années à se décider à poursuivre le Hellfest devant les prud'hommes. Après avoir d'abord refoulé ces événements, "c'est le temps qu'il m'a fallu pour avoir le courage de le faire", explique-t-elle.

Aujourd'hui, la jeune femme a quitté le monde de la culture. Elle espère que son statut de victime sera reconnu"Son souhait en agissant en justice c'est de faire prendre conscience à Hellfest Productions qu'il y a des agissements qui ne sont pas acceptables, qui sont illégaux dans le cadre de relations de travail. Elle souhaite une condamnation pour que ces pratiques-là cessent, pour que les mentalités au sein de Hellfest Productions évoluent", conclut son avocate.

Le jugement du tribunal des prud'hommes de Nantes sera mis en délibéré. Sollicitée par France Bleu Loire Océan, la direction du Hellfest n'a pas souhaité s'exprimer sur cette affaire en cours.

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