Vous visualisez une version traduite automatiquement de notre site. Certaines traductions peuvent contenir des erreurs et la version française du site fait foi. Nous vous remercions de votre indulgence et vous souhaitons une bonne visite.
La réponse a été mise à jour le 24 octobre 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Dans son ouvrage Histoire de la sorcellerie en Pays basque : les bûchers de l'injustice, Beñat Zintzo-Garmendia traite de façon détaillée l’histoire des sorcières arrêtées puis condamnées au bûcher en 1609, dans le Labourd, l’une des trois provinces qui forment le Pays basque français :
« Tout éclate à l’orée du XVIIe siècle, à partir d’une banale rivalité de pouvoir, et donc de puissance, entre deux clans qui fort logiquement se détestent. […] Alors comment résoudre l’épineux problème d’accaparement des pouvoirs par un clan au détriment de l’autre ? A cette époque, l’accusation de sorcellerie est l’arme la plus puissante. Depuis un bon siècle, les sorcières sont à travers toute l’Europe déclarées responsables de presque tous les malheurs inexplicables. […] Aux yeux des contemporains, ces maux n’ont qu’une seule explication plausible, ils doivent tout à l’action du diable et de ses affidées, les sorcières, jusque-là dénommées globalement les "tempestaires". Que l’on soit en monde catholique ou protestant, la hantise et la répression sont équivalentes. »
Henri IV, le roi de France décide d’envoyer une commission d’enquête composée de Jean d’Espaignet, président du parlement de Bordeaux, et du juge Pierre de Lancre.
Gautier Demouveaux poursuit ainsi le récit, dans son article Voici la véritable histoire des sorcières brûlées au Pays basque, qui a inspiré la série de France 2 paru le 28 août 2023 dans l'édition du soir du journal Ouest France :
« Les deux hommes disposent des pleins pouvoirs pour éradiquer les sorcières de la province, y compris celui de condamner à mort sans appel. Pierre de Lancre se met rapidement au travail, il commence par arpenter les communes du littoral, où il est choqué par la "liberté" dont jouissent les femmes. Ces dernières vivent une partie de l’année sans leurs maris, marins, qui s’embarquent pour plusieurs mois pour pêcher la morue et chasser la baleine au large de Terre-Neuve. Au cours de leur absence, les épouses participent au biltzar (assemblée démocratique unique en son genre, sorte de conseil municipal avant l’heure, dont la noblesse et le clergé sont exclus) et votent les décisions du village au nom de leur famille. De plus, elles s’adonnent à des bains de mer, une pratique jugée très louche par l’homme de loi.
Pire, elles produisent du sagardoa, une sorte de vin de pommes, le fameux fruit défendu dans la Bible. Sans parler de la langue basque, ce dialecte mystérieux parlé des deux côtés de la frontière franco-espagnole et dont les racines sont inconnues… Autant de signes qui font dire à de Lancre que le diable a élu domicile sur ce territoire et que ces femmes ont passé un pacte avec le malin !
Le démonologue s’enfonce ensuite dans les terres, où la population vit de l’agriculture et de l’élevage. Là encore, il ne comprend pas les coutumes locales, encore empreintes de rites et fêtes ancestrales mêlant des pratiques chrétiennes. Il faut dire que la christianisation dans la région est assez récente, elle ne s’est achevée qu’au XIe siècle. Quand le juge bordelais découvre les fêtes locales qui se déroulent à l’entrée de grottes ou dans des prairies pour le retour des troupeaux, il assimile tout cela à des cérémonies démoniaques. Dans chaque village, il arrête des dizaines de suspects, jugés sur place puis emprisonnés au château de Saint-Pée-sur-Nivelle.
En pleine Renaissance, à une période où l’on découvre la rationalité des sciences et de la médecine, ces croyances anciennes mêlées parfois de superstition semblent incompréhensibles pour cet homme de lettres, qui voit dans ces pratiques autant d’éléments diaboliques. "En basque, sorcière se dit sorgin, rappelle Argitxu Fadon. Étymologiquement, cela fait référence à la sage-femme ou à celle qui aide à naître ou qui connaît le pouvoir des plantes. Ce sont en fait des sage-femmes ou des guérisseuses…" À chaque fois, pour débusquer les présumées sorcières, de Lancre s’appuie sur la délation, les renseignements anonymes, les interrogatoires sous la torture, avant de prononcer des condamnations expéditives.
Face à Pierre de Lancre et son tribunal expéditif, la peur règne sur le Labourd : certaines familles quittent leur village pour traverser la frontière et se réfugier en Navarre, côté espagnol, situé à quelques kilomètres de là. La répression prendra subitement fin début octobre 1609, alors que les marins basques rentrent de Terre-Neuve à cause d’un hiver précoce. Les hommes découvrent avec effroi ce qui s’est passé en leur absence. Face au risque de troubles, Henri IV interrompt la mission de Pierre de Lancre, qui doit quitter précipitamment le Pays basque. Il n’en emmène pas moins 200 prisonnières qu’il fait interner au fort du Hâ, à Bordeaux. Certaines d’entre elles mourront en captivité, les survivantes seront libérées après avoir passé dix ans en détention. »
Nous espérons que ces éléments répondent à votre question. Pour approfondir vos recherches, voici d'autres références qui pourront vous procurer des informations :
Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons de Pierre de Lancre ; édition de 1613 établie et annotée par Jean Céard
Quand on brûlait les sorcières de Colette Piat
La chasse aux sorcières : erreur judiciaire et complot misogyne de Brigitte Rochelandet
Les sorcières : une histoire de femmes de Céline du Chéné
La grande chasse aux sorcières en Europe aux débuts des Temps modernes de Brian P. Levack
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch