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La réponse a été mise à jour le 19 octobre 2023.
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :
Pour commencer, voici une définition qui nous vient de Sarah Marlaud, tirée de son article Les langues artificielles sont-elles des langues ? Étude contrastive de l'espéranto et de la caractéristique universelle, paru dans la revue Syntaxe & Sémantique en 2013, au sujet de ce qu’est une langue inventée, ou langue artificielle :
« L’appellation "langue artificielle" semble indiquer que ces langues ne se distinguent des langues naturelles que par leurs conditions socio-historiques d’émergence. Ainsi, tandis que les langues naturelles se développent spontanément au sein de communautés humaines, les langues artificielles sont le plus souvent développées par des individus avant toute énonciation (Couturat & Léau 1903, Burney 1962, Yaguello 2006). Les concepteurs de langues artificielles dictent les normes avant l’usage, tandis que l’usage des langues naturelles précède leur codification normative. Ces conditions socio-historiques ne nous éclairent pas sur la nature des langues en jeu : l’élaboration, hors contexte d’emploi, d’un lexique et d’un ensemble de règles de fonctionnement permet-elle aux langues artificielles d’être considérées comme des langues ? Répondre à cette question suppose d’envisager les langues artificielles sous un angle fonctionnel plutôt que simplement génétique. »
D’autre part, dans la revue Langage et Société, on peut trouver l’article Langues inventées de James Costa publié en 2021 qui apporte une autre proposition de définition de ce qu’est une langue inventée, ou langue artificielle :
« Lingua ignota, esperanto, langue philosophique de Wilkins, klingon, dothraki… Ces quelques noms de langues ouvrent des mondes qui ont la particularité d’avoir été créés de toute pièce par des individus qui ont pensé à un moment donné que les langues existantes étaient insuffisantes. Qu’elles exprimaient incorrectement le monde. Si le sujet est souvent traité comme secondaire en linguistique, et davantage encore en sociolinguistique, le nombre de ces langues artificielles ou inventées n’en est pas moins considérable : Arika Okrent (2009) en recense plus de 500 sur le site qui accompagne son ouvrage sur le sujet. Depuis la lingua ignota de Hildegarde de Bingen au XIIe siècle jusqu’aux langues inventées récemment pour des séries télévisées comme Games of Thrones, ces langues occupent un pan entier de la réflexion sur le langage en Europe depuis près de 800 ans. »
D’après l'article de Nuria de Castilla Les emplois linguistiques et culturels derrière les textes aljamiados publié le 20 janvier 2020 dans la revue Intellectual History of the Islamicate World, « L’aljamia est un concept très difficile à définir étant donné qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une langue, ni d’un type d’ écriture, ni de contenus spécifiques. Lorsque nous parlons de littérature aljamiada, nous voulons parler, de façon générale, des textes copiés et produits par des Mudéjares et des Morisques, dans lesquels ils employaient une variante linguistique du castillan, caractérisée par une forte influence de l’arabe et de l’aragonais et par son archaïsme, qu’ils écrivaient en caractères arabes. Ces textes furent transcrits entre la fin du XIVe siècle et le début du XVIIe, particulièrement dans les royaumes d’Aragon et de Castille, mais aussi dans d’autres endroits, principalement en Afrique du Nord où de nombreux exilés morisques trouvèrent refuge. Toutefois, nous verrons au long de cet article que cette définition peut sur chacun de ses points trouver un contre-exemple ; et si cela rend parfois le concept dont nous souhaitons traiter difficile à cerner, c’est également une preuve de la richesse et de la complexité de ce phénomène.
De nos jours, selon le dictionnaire de la Real Academia Española, « aljamia » peut avoir trois sens :
« 1) " Parmi les anciens habitants musulmans de l’Espagne, langue des chrétiens de la péninsule"; 2) " Un texte morisque en langue romane, mais transcrit en caractères arabes " et 3) " Texte judéo-espagnol transcrit en caractères hébreux ". »
Bertrand Sesé propose, dans l’article publié dans l'Encyclopædia Universalis en ligne dont le titre est « ALJAMIADA, littérature », une autre piste pour définir « aljamia » :
« De l'arabe al-'adjamiyya (paroles d'étranger), le mot aljamía se trouve déjà dans le Poema de Alfonso XI (vers 1348) ; il désigne le latin corrompu utilisé par les mozarabes, c'est-à-dire les chrétiens hispano-romains de l'Al-Andalus ayant accepté la domination de l'Islam (711-712). Les maures utilisèrent ce mot pour désigner le castillan. Les poemas aljamiados sont des compositions écrites en castillan, mais avec des caractères arabes ou hébreux. En effet, les mudéjares (musulmans des territoires christianisés) et les juifs d'Espagne parlaient le castillan ; s'ils avaient oublié leur langue maternelle, ils continuaient cependant d'écrire la langue de leurs ancêtres. Le Poema de Yusuf (XIVe s.) est l'une des principales manifestations de la littérature aljamiada. »
À la suite de recherches, nous avons pu trouver le « mozarabe », qui est, comme le définit Jean-Pierre Molénat dans son article Le passage des mozarabes d’al-Andalus vers l’Espagne chrétienne, tiré du livre Passages : déplacements des hommes, circulation des textes et identités dans l’Occident médiéval sous la direction de Joëlle Ducos et Patrick Henriet :
« L’abus du terme va sans doute plus loin encore, ainsi lorsque les linguistes parlent de "langue mozarabe", ou de "dialectes mozarabes" pour désigner les parlers d’origine latine ayant eu cours pendant longtemps en al-Andalus concurremment avec le, ou les, dialecte(s) arabe(s). Il a été justement démontré que ces parlers romans étaient utilisés pendant longtemps aussi bien par les musulmans que par les chrétiens d’al-Andalus, et que ces derniers utilisaient l’arabe dialectal d’al-Andalus comme les dialectes romans, et maîtrisaient l’arabe classique comme le latin. »
Le dictionnaire de l’Académie française définit le « mozarabe » comme suit :
« Nom donné aux chrétiens d’Espagne soumis à la domination des Arabes, entre le VIIIe et le XVe siècle. Le mozarabe, dialecte qui fut parlé dans plusieurs provinces d’Espagne durant la domination arabe. »
Mohamed Benrabah, dans son livre Devenir langue dominante mondiale : un défi pour l'arabe, au chapitre V intitulé L'arabe au Moyen Âge, langue de la pensée et de la science profanes, donne une interprétation de l’impact de l’arabe sur le dialecte mozarabe :
« Le parler arabe des Mozarabes, mêlé de mots et expressions latins (roman), porte le nom de mozarabe. Un terme que certains auteurs utilisent pour désigner le roman mêlé d’arabe [...]. »
L’aperçu proposé par l’éditeur De Gruyter du livre Encyclopédie linguistique Al-Andalus (2015-2022), écrit par Federico Corriente, Christophe Pereira et Ángeles Vicente nous suggère que « L’arabe andalou est le dialecte néo-arabe occidental pour lequel nous possédons les données les plus anciennes. Ces données, en quantité importante, nous fournissent des indications précieuses sur l’interaction entre les langues locales et les parlers arabes qui ont été introduits par les conquérants musulmans dans des pays hétéroglottiques, sur des traits dialectaux intra-arabes notamment des parlers des yéménites qui ont parfois survécu à l’Al-Andalus, ainsi que sur l’interférence du substrat roman et, dans une moindre mesure, de l’adstrat berbère.
La connaissance plus approfondie de la phonologie, de la morphologie, de la syntaxe et du lexique du faisceau dialectal arabe andalou, grâce aux recherches de ces dernières décennies, a considérablement amélioré notre compréhension de textes littéraires si important pour l’Est et l’Ouest comme le Dîwân d’Ibn Quzmân, ainsi que le nombre et la qualité des informations dont nous disposions sur les emprunts à l’arabe et les calques sémantiques par les langues de la Péninsule Ibérique et au-delà. Une telle étude fait aussi la lumière sur de nombreuses questions en rapport avec les relations entre l’Europe et les terres d’Islam au Moyen Âge. »
Concernant le dialecte arabe andalou, ou arabe hispanique, Afif Ben Abdesselem, dans son livre La vie littéraire dans l’Espagne musulmane sous les Muluk al-Tawai’if (Ve-XIe siècle), offre un historique au chapitre Bilan de l'arabisation dans la Péninsule.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, voici ci-dessous quelques références supplémentaires :
- Langues imaginaires et imaginaire de la langue études réunies par Olivier Pot
- Codex Seraphinianus de Luigi Serafini
- Calligraphy and Islamic culture d'Annemarie Schimmel
- L'article Hormis l’arabe, quelles langues utilisent l’alphabet arabe ? de Sarah Piram publié sur le site de l'Institut du monde arabe.
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
La Bibliothèque du Musée d'ethnographie de Genève
Pour www.interroge.ch