Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction le Sénégal avec la poésie de Wasis Diop, l’« électro-sabar » de Guiss Guiss Bou Bess et le mbalax de Wally B. Seck.
« Voyage à Paris », de Wasis Diop
C’est un album plein de poésie que Wasis Diop sort vendredi 16 avril : De la glace dans la Gazelle (référence à une célèbre bière sénégalaise) marque le retour de l’artiste treize ans après son précédent album de chansons, Judu Bek – si l’on exclut ses compositions pour le cinéma.
Cette fois, Wasis Diop, qui vit en France, fait sienne la langue d’Alain Bashung pour convoquer des figures africaines telles que l’empereur Soundiata Keïta, le percussionniste Doudou N’Diaye Rose ou Djibril Diop Mambéty, son frère cinéaste disparu en 1998. Le septuagénaire aborde aussi des problèmes contemporains, comme le sort des réfugiés dans Voyage à Paris. Le clip a été tourné par sa fille, Mati Diop, dont le film Atlantique a été couronné au Festival de Cannes en 2019.
« Sunu Gal », de Guiss Guiss Bou Besss (feat. ISS 814)
Lui aussi aux prises avec l’actualité, le nouveau clip de Guiss Guiss Bou Bess est dédié « à tous les jeunes qui ont péri en mer et dans la rue dans l’espoir d’un monde meilleur », alors que le Sénégal a été le théâtre, début mars, d’un soulèvement populaire au cours duquel une dizaine de personnes ont été tuées. Sunu Gal (« notre pirogue », en wolof) est une ode aux valeurs du pays de la Teranga (« l’hospitalité ») : la tolérance, le dialogue, le vivre-ensemble…
Pour faire passer ce message, le groupe franco-sénégalais d’« électro-sabar » s’est associé au rappeur ISS 814. « Si nous ramons tous ensemble, nous irons de l’avant », affirme le chanteur Mara Seck pour rappeler que les Sénégalais sont tous dans le même bateau – et pas celui qui vogue vers l’Europe.
« Yoon wi », de Wally B. Seck
C’est aussi le thème de l’émigration clandestine que Wally B. Seck, 35 ans, prend à bras-le-corps dans le morceau Yoon wi (« le chemin », en wolof), issu de son EP Xippil Xoll, sorti fin janvier. Pour le fils du regretté Thione Seck, légende du mbalax disparue le 14 mars, « ce phénomène commence à prendre de l’ampleur et ses répercussions sont désastreuses ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 593 migrants sénégalais sont morts en mer en tentant de rejoindre « l’eldorado » européen en 2020, contre 210 en 2019. Une accélération des départs à laquelle les difficultés socio-économiques liées à la pandémie de Covid-19 – et qui expliquent en partie les troubles du mois de mars – ne seraient pas étrangères.
Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.
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