La nomophobie, la peur d'être séparé de son mobile

Chez certaines personnes, ne pas avoir accès à son mobile peut créer des situations d'angoisse forte : cette pathologie doit être traitée par un psychologue. 

18 FÉVR. 2019 · Lecture : min.
Nomophobie

Le téléphone portable est, aujourd'hui, l'un des outils des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) le plus utilisé au monde. Saviez-vous que le nombre de mobiles dépassait le nombre d'habitants dans le monde ? Il y a plus de 7 milliards de lignes mobiles sur les 5 continents !

Si l'évolution de l'utilisation n'est pas identique pour tous les pays, cela se vérifie dans le cas de la France : en 2012, les lignes de téléphonie mobile ont atteint 62 280 000 utilisateurs, sur les 65 millions d'habitants que compte la France. Mais cette tendance est encore plus forte en Espagne, avec 55 millions de lignes mobiles, soit près de 9 millions de plus que d'habitants.

Au vu de ces chiffres, il ne semble pas déraisonnable de penser qu'un nombre important d'utilisateurs peuvent devenir de véritables toxicomanes du portable.

  • Faites le test pour savoir si vous êtes dépendant(e) à votre mobile ou non :

     

    Le profil des personnes concernées

    Cette pathologie, si elle n'est pas à négliger à l'âge adulte, touche particulièrement les jeunes de 18 à 35 ans. La nomophobie (dont le nom provient de no-mobile phobia) est l'expérience d'une peur irrationnelle de ne pas pouvoir utiliser son téléphone portable pour plusieurs raisons : manque de crédit, de batterie, oubli du téléphone chez soi, pas de couverture réseau... Plusieurs études ont démontré que 77% des 18-24 ans et 68% des 25-34 ans souffraient de cette pathologie.

    Le profil de ces personnes serait assez défini : plutôt introverties, elles présenteraient des carences lorsqu'il s'agit d'interagir avec ses pairs, et préfèrent communiquer via leur téléphone mobile et occuper leur temps libre de cette manière.

    Les études ont également pointé le fait qu'avoir un portable à la pointe de la technologie et posséder des connaissances dans ce domaine portait les utilisateurs à penser qu'ils disposaient d'un statut particulier par leur activité sur les chats ou réseaux sociaux. Si la nomophobie est apparue avec les premiers portables, elle s'est accentuée avec le développement des smartphones, qui proposent une connexion illimitée avec le monde entier.

    D'ailleurs, une étude réalisée en 2008 au Royaume-Uni a révélé que 55% des interrogés déclarent être anxieux sans leur téléphone car ils veulent garder contact avec leur famille, alors que 10% a besoin d'être joignable constamment pour son travail. Elle a également démontré que le stress ressenti par les nomophobes peut dans certains cas être comparable à celui ressenti le jour de son mariage ou lors d'un rendez-vous chez le dentiste.  

    Cette explosion de la nomophobie est principalement due  aux réseaux sociaux…

    Il y a 2 catégories obsessionnelles sur ce phénomène :

    • ceux qui ont le besoin d’exposer au monde leur quotidien, prouver et se prouver que leur vie est superbe car ils ont une soif de reconnaissance, d’être aimé et vivent au travers du regard de l’autre : c’est un besoin existentiel pour avoir confiance en soi et s’estimer.
    • Et ceux  « voyeuristes » qui sont dans le besoin permanent de voir ce que les autres vivent en se comparant ou en fantasmant leurs vies qui paraissent si parfaites…

    Le plus dangereux est pour les adolescents car ils sont en pleine construction d’identité et, en se référant  à du « faux » (entre les photos retouchées et le fait de n’exposer que les beaux moments) développent une croyance que leur propre vie n’est pas intéressante, complexent sur leur physique et perdent confiance en eux idolâtrant des vies utopiques.

    shutterstock-589094012.jpg

    Reconnaître les signes de la nomophobie

    Pour détecter la nomophobie le plus tôt possible et commencer un traitement adéquat avec un thérapeute, il est important de prêter attention aux symptômes :

    • L'utilisateur a du mal à se détacher de son mobile, ne prête pas attention à ce qui se passe autour de lui, ou se met en colère si on essaye de lui restreindre l'accès à son téléphone, même si la situation le justifie.
    • La personne n'est pas attentive à ce qui se dit, mais uniquement à ce qui passe par son téléphone : son entourage se voit obligé de répéter plusieurs fois ses phrases.
    • L'utilisation du portable est abusive, même en présence d'autres personnes, la personne ne lève pas le nez de son écran lorsqu'elle marche dans la rue ou discute avec quelqu'un, et ne trouve pas d'autre alternative que son téléphone pour occuper son temps libre.

    shutterstock-197065211.jpg

    Nos conseils pour se déconnecter

    Les parents et adultes de l'entourage jouent un rôle clé dans cet apprentissage, les enfants imitant leur comportement, et trouvant un intérêt ludique dans l'usage du téléphone. Il est entre autres recommandé d'établir une sorte de feuille de route qui spécifie clairement les situations dans lesquelles l'utilisation d'un mobile est prohibée, comme par exemple lors des repas, en famille, lorsque l'on réalise des activités avec d'autres personnes, ou encore qui propose d'éteindre ou d'éloigner son téléphone la nuit.

    Voici nos recommandations pour vous aider à vous déconnecter :

    • Éteignez votre téléphone durant la nuit : la meilleure option pendant la nuit est encore d'éteindre votre téléphone afin de ne pas être dérangé(e) par les nouvelles notifications et actualisations sur votre mobile. C'est aussi une manière de se déconnecter, et très probablement, d'améliorer la qualité de vos heures de sommeil.
    • Laissez votre téléphone dans une autre pièce : durant la journée, vous pouvez commencer à prendre vos distances avec votre mobile. À de nombreuses occasions, et sans nous en rendre compte, notre addiction au téléphone va loin. Par exemple, si vous allez à la cuisine pour vous préparer à manger, laissez votre mobile dans une autre pièce, ou si vous allez à la douche, vous n'avez pas besoin d'y amener votre mobile. C'est une manière simple et apparemment sans importance de commencer à guérir de cette relation toxique.
    • Éliminez les applications qui ne vous sont pas nécessaires : nous utilisons de nombreuses fois notre mobile sans aucun motif, simplement en ouvrant ou fermant des applications sans réalité aucune activité spéciale. Désinstallez toutes les applications dont vous ne vous servez plus et qui usent de votre temps sans vous en rendre compte. Ne gardez que les applications qui ont une utilité réelle, comme votre messagerie.
    • Sortez de temps en temps sans votre téléphone : il est vrai que nous sommes peu à sortir sans notre téléphone, au moins durant un jour entier. Mais si vous allez faire quelques courses ou sortez pour peu de temps, ne prenez pas votre portable avec vous, vous n'en avez pas besoin, vous revenez dans quelques minutes.
    • Diminuez progressivement votre temps d'utilisation : essayez de ne pas utiliser votre téléphone durant un certain temps, et vous allongez ce temps au fur et à mesure. Vous pouvez par exemple ne pas regarder votre téléphone durant 30 minutes si ce n'est pas nécessaire. Vous augmentez alors peu à peu cette durée de détox technologique en passant à 1h ou 2 heures...
    • Limitez vos horaires : en plus des différentes pauses que nous vous avons proposé jusqu'à maintenant, fixez-vous des horaires chaque jour pour utiliser votre téléphone. Par exemple, ne pas utiliser le téléphone après 23h pour vous relaxer et vous déconnecter avant de dormir, ou durant votre repas du midi.
    • Demandez l'aide d'un(e) professionnel(le) : si vous ne réussissez pas à laisser votre portable de côté, un professionnel de la psychologie peut vous y aider. Il s'agit ici d'un trouble de l'anxiété provoqué par une dépendance au Smartphone.

     

    Photos : Shutterstock

PUBLICITÉ

psychologues
Écrit par

Psychologue.net

Notre comité d'experts, composé de psychologues, psychothérapeutes et psychopraticiens agréés, s'engage à fournir des informations et des ressources précises et fiables. Toutes les informations sont étayées par des preuves scientifiques et contrastées pour garantir la qualité de leur contenu.
Consultez nos meilleurs spécialistes en addiction aux jeux

Bibliographie

  • INSEE, Institut National de la statistique et des études économiques, 94 % des 15-29 ans ont un smartphone en 2021,  https://www.insee.fr/fr/statistiques/6036909
  • Bekaroglu, E., Yilmaz, T. (2020), Nomophobia : Différential Diagnosis and Treatment, Approaches in Psychiatry 2020; 12(1):131-142
  • E, Bekaroglu., T, Yilmaz., Nomophobia : Différential Diagnosis and Treatment, Approaches in Psychiatry 2020; 12(1):131-142
  • Rodriguez-Garcia, A-M., Moreno-Guerrero, A-J, Belmonte, J. (2020), Nomophobia : An Individual’s Growing Fear of Being witheout a Smartphone – A Systematic Literature Review, International Journal of Environmental Research and Public Health 17(2) :580
  • Définition Nomophobe, Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/nomophobe/10910875
  • Mésusage du téléphone mobile et nomophobie chez les étudiants, Science Direct, September 2016, https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S039876201630596X

Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 1
  • marion

    il n’y a pas que les ados ! : on sous-estime effectivement les risques psychologiques induits par l’usage immodéré des TIC : La prévention des risques professionnels des technologies de l’information et de la communication : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=483

PUBLICITÉ