Le pardon nécessite le passage de 7 étapes

Étude sur le pardon et les étapes qui jalonnent son processus.

12 JANV. 2021 · Lecture : min.
Le pardon nécessite le passage de 7 étapes

Le pardon ne saurait se substituer au travail analytique sur la culpabilité. Il ne doit pas servir à effacer la frontière entre le statut de la victime et celui du coupable en redéfinissant la part de responsabilité de chacun. Les traumatismes infantiles nous rendent esclaves de nos émotions, condamnés à être figés, prisonniers d'une époque de notre enfance, prisonnier de notre honte, de notre culpabilité et de notre rancœur. Le processus de pardon permet de mettre des mots sur la souffrance pour mieux accepter l'événement traumatique, c'est une nouvelle élaboration qui progressivement répare et libère. C'est une forme de détachement, de renoncement à l'image que l'on s'était créé et aux défenses que l'on utilisait.

Pardonner c'est accepter que le passé ne puisse être modifié, arrêter les spéculations sur ce qui aurait été différent selon ses propres agissements, c'est lâcher prise. Il n'est pas question de justification. Pardonner c'est stopper la colère et la haine, sortir du désespoir, c'est faire le deuil de l'image de nous que l'on s'était forgée, de l'image de l'autre aussi, de ne plus condamner. Le pardon n'est en rien une faiblesse, c'est un acte de courage qui nous renforce en nous permettant d'adopter de nouvelles stratégies, car toute technique éprouvée est réutilisée.

Le temps ne permet pas d'oublier, il creuse chaque jour un sillon dans notre cœur, la haine est une goutte d'encre sur un buvard, elle se propage et noircie les couleurs. La rancœur nous rend malade mentalement et physiquement à mesure que le temps passe. Il faut comprendre et apprendre que la capacité à trouver le pardon est la vertu qui nous rendra notre dignité.

Cependant le pardon ne doit pas être obligatoire, il n'est pas non plus un gage de guérison car le pardon s'adresse à l'impardonnable, c'est emprunter un chemin long et douloureux, souhaiter pardonner n'est pas suffisant pour réussir. L'homme est plus enclin à la haine et à la vengeance.

Les juifs ont d'ailleurs promulgué la Lois du Talion pour interdire au vengeur de dépasser l'offense subie. Ainsi « œil pour œil et dent pour dent », ni plus, ni moins. Pardonner n'est pas faire preuve de faiblesse, c'est libérer son Moi, ce qui nécessite le passage de plusieurs étapes :

  • 1. Arrêter la souffrance. Il ne peut y avoir de processus de pardon tant que l'offense n'a pas cessé car la victime est paralysée par sa douleur qui empêche la réflexion, la mentalisation. Il faut sortir de la violence, fuir et se mettre en sécurité. Le processus de pardon n'empêche pas le dépôt de plainte. La reconnaissance du statut de victime par la justice et la désignation du bourreau ne dispensent pas du pardon, mais seule la victime peut pardonner.
  • 2. Reconnaître l'existence du préjudice. Pour avoir conscience de sa souffrance, il faut la ressentir. Or, pour éviter la douleur, la victime oublie, normalise, rationnalise. Il faut arrêter de se dire qu'il y a toujours pire que soi, que l'on ne peut se plaindre devant le malheur du monde… Le passé ne s'oublie pas, il va, grâce aux mécanismes de défense, migrer vers l'inconscient. Toute l'énergie de la victime sera monopolisée pour l'y maintenir. La souffrance, la haine, la rancœur et la culpabilité commenceront leur travail de sape, le mal-être s'installant, les comportements d'autodestruction sociale, professionnelle et familiale ainsi que les maladies psychosomatiques pourront se développer, maladies de peau, ulcères, hypertension, cancers… Il faut se souvenir de l'offense, reconnaître le préjudice, c'est reconnaître le coupable.
  • 3. Donner libre court à sa colère. Ressentir de la violence pour le bourreau c'est éviter de s'identifier à lui, c'est ne pas être dans le déni, c'est se reconnaître victime et éviter de retourner ses pulsions de destruction contre soi. Quand exprimer sa colère à son agresseur est impossible, tenir un journal, écrire une lettre ou s'adresser à un thérapeute peut aider car si dans un premier temps, l'expression de la haine, de la colère est nécessaire, celles-ci ne doivent pas se transformer en rancœur destructrice. La vengeance refuse d'oublier quand le pardon nous libère d'une dette de haine.
  • 4. Cesser de se croire responsable. Commencer pas définir ce qui a été atteint, l'intégrité physique, l'orgueil, l'amour propre… et ne plus se sentir coupable, faire le deuil du fantasme de soi, du Moi idéal qui aurait agi différemment et aurait changé l'événement. Ce n'est qu'une illusion de contrôle d'une situation. Or, se blâmer détruit l'estime et l'amour de soi. Se pardonner pour vivre.

  • 5. Ressentir de l'empathie pour le bourreau. Connaître sa motivation et donner un sens à son acte c'est reconnaître sa faiblesse. Ce n'est pas l'excuser ni s'identifier à lui, mais c'est ne plus souffrir à sa place. C'est aussi arrêter l'autocritique, le jugement, jugement de soi, jugement de l'autre, ne plus se condamner et ne plus condamner une personne pour un acte sans reconnaître et prendre en compte ce qu'elle est dans sa globalité. Ce travail est très difficile car il oblige à se remettre en cause, à assumer sa responsabilité, à risquer d'avoir mal à nouveau et à accepter ses limites.
  • 6. Laisser le temps au temps. Le pardon doit s'imposer de lui-même par un long processus, ce n'est pas un « coups de tête » pour se débarrasser et passer à autre chose. Pardonner est un acte sincère qui n'absout pas le bourreau. Un pardon trop rapide serait la négation et le refoulement d'un ressentiment dans l'inconscient et permettrait au processus de destruction de continuer.
  • 7. Être plus fort. La disparition de la colère et de l'amertume est le signe que le pardon est libérateur. La culpabilité, la honte et la souffrance cèdent la place à l'action, au réinvestissement et à la reconstruction plus grande, plus belle, plus forte de la vie pour enfin, accueillir l'Autre, par le don, au-delà par donner.

Si pardonner n'est pas un acte thérapeutique obligatoire, il devrait être envisagé dans le pardon accordé à soi-même.

Photos : Shutterstock

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Bibliographie

  • CLERC, Olivier. Peut on tout pardonner ? Les principaux obstacles au pardon et comment les surmonter. Collection Métamorphose. [éd.] Eyrolles. Paris, 2015, p. 160.

  • TENENBAUM, Sylvie. Pardonner, tyrannie ou libération. [éd.] Interéditions. Paris, 2008, p. 193

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Commentaires 5
  • Manuela

    Bonsoir je m'appelle Françoise j'ai 53 ans mon métier est vendeuse dans un centre commercial je me sens pas frustré mais j'ai eu un conflit avec un client je ne souhaitais pas lui faire du mal mais cette personne ma poussée à bout du coup j'ai craqué ce soir je me sens pas trop bien spirituellement car je n'ai pas souhaité cela je voulais savoir si je suis quelqu'un de mauvaise voilà c'est tout

  • Said Cheik

    Article pertinent mais j'aurais aimé avoir des exemples de gens qui sont parvenus à pardonner à leurs bourreaux, comment ils s'y sont pris etc.. Difficile d'établir le lien entre l'acte et les mots qui l'accompagnent par exemple: "arrêter la souffrance" comment l'arrêter ? Si seulement je pouvais l'arrêter !!!

  • Johann

    Pardonner est effectivement libérateur. Il m'a fallu de la religion et des références tel Gandhi ainsi que de la réflexion sur beaucoup de choses pour y parvenir. Une chape de béton au dessus de la tête qui disparait.

  • Pont anonyme

    Bonjour, juste pour vous signaler que l’étape « Mazette » est manquante

  • Nini

    Ma fille a accusé , son père 52 ans après d, un acte qu, il n ,a jamais commis , par jalousie a sa sœur elle a raconter ce mensonge a toute la famille causant une séparation de mes enfants et petits-enfants envers nous , plus de visite plus de téléphone , je suis très malheureuse , car elle attendu que mon mari ne puisse pas ce défendre ayant la maladie alzheimer moi je supporte cela et je n, en peut plus que dois je faire

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